Dans une interview troublante accordée à Radio Magik9 le vendredi 10 janvier 2025, Liné Balthazar, président du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) et représentant du Collectif des partis politiques du 30 Janvier, a confirmé ce que beaucoup redoutaient déjà : la coalition Viv Ansanm, une organisation regroupant les chefs de gangs les plus meurtriers d’Haïti, est désormais un acteur clé à la table des négociations pour l’avenir du pays. Ce groupe, converti en parti politique, cohabite aujourd’hui dans les discussions aux côtés de figures politiques influentes comme Clarens Renois (UNIR), Claude Joseph (EDE), Renald Lubérice (RÈD), Moïse Jean-Charles (Pitit Desalin), Himmler Rébu ( GREH) et Me André Michel, sous l’égide de la CARICOM.
Cette alliance, aussi choquante qu’indéniable, marque un tournant inquiétant dans l’histoire de la première République noire et indépendante du monde. Alors que des noms tristement célèbres comme Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », Izo, Tilapli, Vitelom Innocent, Lanmò San Jou, Jeff Kanaan, et Mikanò continuent de semer terreur et mort à travers le pays, la reconnaissance implicite de leur pouvoir par les figures politiques envoie un message clair et dérangeant : la violence, les viols, les kidnappings, et les massacres des innocents peuvent être négociés pour des gains politiques.
Le dernier rapport de l’ONU sur Haïti, publié en date du 7 janvier 2025, fait état d’un nombre de morts dépassant les 5 601 victimes, un record sanglant qui dépasse celui de l’année précédente. Chaque quartier ravagé, chaque famille brisée, et chaque jeune arraché à l’espoir est un témoignage accablant de l’échec des élites politiques et de la communauté internationale à protéger le peuple haïtien. L’horreur des enlèvements de masse, des femmes et des enfants réduits au silence par la peur ou le viol, est aujourd’hui un fait quotidien que nul ne peut ignorer. Et pourtant, c’est avec ces mêmes bourreaux que se négocie l’avenir de tout un peuple.
En acceptant de partager la table avec Viv Ansanm, des partis comme le PHTK, Pitit Desalin, GREH, OPL, MOPOD, LAPEH, EDE, et UNIR ont craché sur le sacrifice des vaillants policiers haïtiens tombés sous les balles des gangs qu’ils sont désormais prêts à légitimer. Les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), démunis mais déterminés, luttent jour après jour pour maintenir un semblant d’ordre face à une machine criminelle bien équipée et financée. La reconnaissance politique des gangs annihile non seulement leurs efforts, mais aussi tout espoir d’instaurer un État de droit.
Quelle place reste-t-il pour la jeunesse haïtienne dans un pays où le crime est couronné et où l’intégrité est piétinée ? Lorsque les chefs de gangs deviennent des décideurs politiques, les valeurs de justice, d’éducation, et de progrès sont reléguées au rang de chimères. La société tout entière envoie à ses enfants un message de désespoir : la brutalité est récompensée, et la vie humaine n’a aucune valeur.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont trahi le peuple haïtien en pactisant avec ses bourreaux. Si la communauté internationale, représentée ici par la CARICOM, persiste à soutenir de telles négociations sans exiger des comptes aux criminels, elle portera une lourde responsabilité dans le naufrage final d’Haïti. La nation, en mal de leadership véritable, mérite des bâtisseurs et non des complices du chaos.
-Le Rédacteur-